GUERIR SON ENFANT INTERIEUR - Moussa Nabati - LE REFLET D'UNE SOCIETE IMMATURE?
Il y a 2 mois j'ai lu un bouquin de Moussa Nabati, un psychanalyste franco-iranien super intéressant et je m'étais promis d'en parler ici. Déjà voici le résumé:
Quatrième de couverture
Guerir son enfant intérieur
Tout être humain abrite en lui, telle une poupée russe, deux personnes, deux désirs, deux Moi, l'un adulte et l'autre enfantin. Le premier, soumis au principe de réalité, est capable de se comporter, au travail ou en amour, de façon lucide. Le second, en revanche, faute de réflexion et de recul, emporté par une émotionalité débordante, oscille entre la dramatisation anxieuse et l'excitation euphorique.
C'est en réalité l'enfant intérieur qui guide les pas de l'adulte. Il se conduit en ange gardien lorsque le sujet a pu vivre son enfance, aimé et sécurisé, dans la gratuité du désir. Mais il risque de se conduire en persécuteur, plaçant répétitivement l'adulte dans un contexte d'échec et de dépendance affective, s'il a été victime de maltraitances ou a dû assister en toute impuissance à la souffrance de ses parents. Ainsi, une enfance non vécue, avortée, blanche, se transforme en fantôme, hantant le sujet et l'empêchant d'être lui-même, confiant dans sa bonté et ses capacités.
Moussa Nabati montre, à travers de nombreux témoignages, que ce n'est jamais vraiment l'adulte qui souffre, mais le petit garçon ou la petite fille en lui, sous l'emprise du fantôme. Dès lors, pour se libérer du passé et trouver son équilibre, nul besoin de recourir à des solutions extérieures, aux conseils et recettes pratiques, à la consommation addictive, aux antidépresseurs et anxiolytiques. Le projet existentiel le plus précieux de chacun devrait consister à retrouver son enfant intérieur, à l'écouter et à faire la paix avec lui pour le guérir.
Au dela de l'aspect "développement personnel", je trouve que c'est aussi une excellente critique de notre société occidentale en pleine dégénérescence (oui parfaitement et je pèse mes mots!).
Ca remet aussi en cause pas mal de pratiques actuelles se référant à des concepts obsolètes de la psycho. Alors en vrac:
Les vieux concepts psychanalytiques et psychiatriques,
le problème du diagnostic
L'auteur nous explique que tous ces diagnostics dans lesquels les psy enferment le patient, ces categories (la depression, la dependance affective, les troubles sexuels etc. sont telles des petites boites cloisonnées. C'est un leurre de considerer qu'elles suffisent à comprendre le patient. De plus chercher à guérir ces problèmes un par un est inutile car toutes ces manifestations se retrouvent souvent chez le meme sujet en meme temps et ce dernier ne se résume pas à un seul symptome. Chacune de ces perturbations renvoit souvent à une seule et même problématique (un noeud qui une fois dénoué resoudra tout le reste car tout découle de là).
La théorie de Nabati est que ce noeud qui cristallise tout correspond à celui du fantôme qui vient hanter l'adulte et lui dicter ses conduites, le tiraillant entre des desirs contradictoires. Le fantome de cet enfant intérieur blessé, cet enfant que l'on a été et qui a été confronté à des difficultés trop jeune (difficulté qui n'ont pas su etre élaborées avec l'aide des adultes chargés de s'occuper de l'enfant) il est donc devenu adulte avant l'age et n'a pu profiter d'une enfance réelle: insouciante. Or comme le dit l'auteur "il est inconcevable de devenir veritablement adulte si l'on a pas ete d'abord enfant puis adolescent".
Cet enfant interieur si on ne l'ecoute pas et que l'on ne cherche pas à le guerir, on va le nier mais il saura se rappeler a nous, cela aura pour conséquence de bloquer le developpement de l'individu, l'energie psychique ne va plus se deplacer de maniere fluide dans chaque secteur de la vie mais sera perturbé (ex: une femme ne sera pas capable d'assumer à la fois son role d'épouse, d'amie, de mère, sa féminité, son carrière professionnelle etc.) et c'est cela qui nous pousse à des comportements irraisonnés et ambivalents.
Mais bien entendu ce noeud fondamental du problème, cet enfant intérieur blessé, refoulé au plus profond de nous-meme, on ne peut y accéder qu'à force de patience et de courage, ce sera tout sauf simple et facile d'y parvenir. Malheureusement la société ne nous encourage pas à entreprendre des démarches de ce type car tout doit aller vite, on privilégie la jouissance et l'insouciance à l'introspection et la profondeur.
Les thérapies cognitivo-comportementales
Ce type de thérapies "brèves" confondent le symptome visible (ne traitant que ces derniers) et l'origine du trouble.
"Ce type de thérapie (...) malgré le soulagement passager qu'elles procurent, échouent finalement à atteindre ou à délacer le noeud originaire. L'acharnement contre son intériorité finit toujours par épuiser le Moi en accentuant paradoxalement le mal-etre combattu. Plus on se remplit de vide, plus il s'élargit. Il est impossible de se guérir par la violence ou la force. Le fantome n'est pas soluble dans l'alcool (le sport, le sexe, la nourriture, l'argent etc.) et il est réfractaire aux conseils prodigués par un certain psychologisme commercial faisant croire qu'il suffit de positiver pour aller mieux et entretenant la pensée magique infantile, ce qui ne fera qu'éloigner davantage le sujet du dénouement de son mal-etre (...) il ne faut pas s'épuiser à combler un manque (...) inscrit dans une histoire et porteur d'un sens et d'un message, à l'aide de procédés inadaptés, empruntés au monde des réalités extérieures (lutter, fuit, se blinder etc.)" (p.44, 47)
La psychiatrie
Elle qui fait de la France le premiers pays consommateurs de psychotropes (= substances chimiques agissant sur le psychisme), comme le remarque l'auteur:
"que penser de la diabolisation des drogues illicites, qui contraste étrangement avec le silence, complaisant ou impuissant, face à la surconsommation de médicaments psychiatriques utilisés comme drogues légales et pris en charge par la collectivité?"
banalisation de la consommation de medicaments psychotropes de 7 a 77ans
"La psychiatrie moderne et son obsession diagnostique qui chosifie le psychisme en le réduisant à une machinerie neurochimique sans ame sujette à des maladies (...) qu'il faut combattre de manière organique sans tenir compte des influences relationnelle et de l'histoire du patient. Cette psychiatrie revendique comme méthode une prescription systématique de médicaments qui anésthésient le sujet au lieu de l'aider à se réveiller, polluant son corps et son esprit au lieu de le purifier, pour le plus grand bonheur des multinationales pharmaceutique. Ces rafistolages psychologiques par gommages des symptomes visibles à l'aide de substances chimiques qui ne traitent pas les causes profondes, éloignent en fin de compte le sujet de son intériorité, l'empechant de réflechir et de travailler sur lui meme, faisant taire sa vérité, occultant le sens de son ma-etre (...) modifiant sa perception du monde" (p.44,45)
La société de consommation
"L'idéologie actuelle, en apparence tolérante, voire libertaire, cherche en effet, en s'adressant insidieusement au petit garçon ou à a petite fille hypersensible qu'il abrite, à lui faire croire qu'il peut, sans limite et sans culpabilité, tout être, devenir et avoir. Elle l'encourage à prendre du plaisir comme il le souhaite, en faisant "ce qui lui plaît", écartant toute souffrance et toute contrariété: changer de sexe, de corps, de partenaire, d'orientation sexuelle, pour accomoder la réalité à ses rêves. Toutes les techniques de manipulation s'inspirent exactement du même principe: contourner la pensée de l'adulte en s'adressant directement à ses émotions enfantines (...) ce bonheur magique obtenu grâce à la technique, à la consommation addictive de personnes et d'objets jetables après utilisation, loin de libérer le sujet, le dépossède au fond de lui-même en accentuant l'emprise inconsciente du fantôme de l'enfant [prisonnié] en lui"
Au lieu d'accepter qui on est a l'intérieur, le bon comme le mauvais, d'avoir le courage de réapprivoiser l'enfant blessé que l'on est, d'apprendre à vivre avec et refuser de se faire manipuler par la norme ambiante, au lieu de tout cela, la société nous encourage à refuser d'affronter en face nos vieux démons, "on doit positiver à tout prix", fuir ce qui fait peur, ce qui fait mal, et on oscille entre depression et défenses maniaques (= comportement excessif) ce qui a pour finalité une consommation à outrance:
on exploite la nature (si l'humanité entière consommait autant qu'un occidenal il faudrait 3 planètes pour nous nourrir)
on a recourt de maniere addictive à la chirurgie esthétique
à l'argent
ou encore au sexe comme on va faire ses courses.
Tous les tabous qui structurent la société volent en eclat.
Ce qui me fait le plus rire (jaune) dans tout ça c'est Sarkozy (eh oui ça faisait longtemps!!! hihi!) qui a promis pendant sa campagne de mettre fin à l'idéologie de mai 68 mais alors il va falloir qu'il m'explique ce qu'il entend par là parce qu'il en est une de pires caricatures. Quand il veut etre libre de faire ce qu'il veut et fait exploser tous les interdits (quand ça l'arrange) ça vous rappelle rien?
Ce ne sont pas les exemples qui manquent: lorsqu'à peine élu il préfère aller se prélasser sur un yacht prêté par un ami milliardaire plutôt qu'aller commérer l'armistice
,
lorsqu'il supprime des postes de profs prétextant que les caisses sont vides juste après s'être augmenté et avoir réduit l'impôt sur les grosses fortunes pour faire plaisir à ses amis PDG,
lorsqu'il ne supporte pas et menace devant les caméras les gens qui osent l'insulter
Sarkozy : DEBUT de BASTON avec les Pêcheurs
Sarkozy au salon de l'agriculture
ou encore lorsqu'il se remarie 2 mois après son divorce à une chanteuse accessoirement ex top-model
On se plaint souvent (à raison!) que les médias préferènt parler de toutes ces bassesses plutôt que des vrais problèmes politiques mais pourtant c'est cet intéret excessif des médias (qui ne font que répondre à la demande des gens) pour le côté bling bling de sarko qui est le meilleur signal de l'alarmante mutation actuelle de la société puisque finalement la politique que mène sarko etait assez prévisible et les français l'ont élu en connaissance de cause (il a toujours assumé son appartenance à une droite décompléxée qui dit stop à la repentance et la seule raison qui explique son plebiscite est qu'il était + charismatique que Royal).
Franchement, lequel des deux a l'air d'etre le + cool? A qui aimeriez vous ressembler? La coincée en tailleur qui quand elle parle a l'air d'avoir un balais dans le cul ou le gars pété de thune qui vous donne une tape dans le dos quand il vous voit?
Il nous le dit lui même: il a du fric et une vie privée attrayante il ne voit pas pourquoi il les cacherait.
Pourquoi un gamin fier de son nouveau jouet le cacherait?
Il est un enfant immature qui ne supporte pas la frustration, n'a pas quitté le stade de la toute-puissance, qui a besoin de vivre dans le luxe, besoin de le montrer, tel un enfant blessé qui prend une revanche sur la vie. En disant ça je ne cherche pas à psychanlyser Sarko (autre chose à foutre) mais plutot à comprendre l'image qu'il renvoit au français car que nous le voulions ou non nous sommes en démocratie et notre président se doit d'etre le miroir de la société à laquelle nous appartenons.
Finalement le comportement de notre président bien qu'il choque en raison du poste qu'il occupe, est tristement banal, beaucoup agiraient exactement comme lui à sa place - y compris ceux qui le critiquent avec ferveur - et vu comme ça il est tout à fait légitime qu'il ait été élu président car les français se reconnaissent en lui.